Béatrice BONHOMME

 « Coup de foudre quotidien de rencontre avec une couleur une matière, une main, un corps, une expression, un mouvement, des instants de merveille. Ce que jamais l’on ne verra deux fois, une action, un geste, le livre de la vie, côtoiement continu de l’énigme et du nouveau à l’état naissant, et cela confère à cette peinture une profondeur de joie vraie malgré le sentiment de vieillissement, le désarroi devant la fuite du temps, le scandale de la mort. Ainsi, entrer dans la peinture de Michel STEINER, c’est glisser dans la vie, dans un mouvement qui est celui de l’accouchement et de la naissance, et il faut fermement penser à la vie, malgré la présence omniprésente de la mort, comme la première dans l’œuvre de STEINER. D’une toile à l’autre, d’une manière à l’autre, d’une matière à l’autre, le peintre fait son sillon, retirant, effaçant ce qu’il vient de poser, réinscrivent obsessionnellement ce qu’il vient d’effacer. »

Dans « Michel STEINER : Une pénétration en plein corps de l’être »

Revue NU(e) n°36 – 2007


Yvain BORNIBUS

 “Des supports inattendus nourrissent les tableaux, toiles à matelas dont les rayures claires structurent la composition, ardoises d’écolier pour subjuguer le bleu turquoise d’un pastel sec, contre-plaqué industriel dont les veines habitent l’aplat d’une ombre. Je m’arrache à tout un vocabulaire graphique dont je découvre l’astuce et la spontanéité. Des tics, des manières qui identifient l’auteur plus sûrement que la signature ou la date (il n’en met pas !). Je suis fasciné par la constance du travail, la discipline qu’il réclame.

Mais chaque fois on sent une espèce de trouille derrière le pinceau, rien n’est acquis. Il fuit ce qu’il sait faire. Même si, toujours, les toiles se ressemblent, parce qu’il poursuit inlassablement une présence que seule la peinture lui semble pouvoir capter : quelque chose qui tremble en lui et que sa peinture cherche en nous quand elle nous regarde.

Il m’offre un autoportrait que j’admire. »

Dans « Tout est politique, sauf le reste »

« Les carnets du noctambule »

Marie DELABRES Editions – 2010


Lionel VERDIER

 « Il y a ce corps, un visage, l’autre, mon regard, l’atelier, une chambre, quelques, objets, vases, bouteilles, le ciel dans l’embrasure, d’indécis contours vibrent dans la lumière – où est le réel ? – une brume du regarde, choses qui ne sont plus des choses, visages à peine visage, la main hésite, le regard, quelque chose d’infiniment lointain vient et me bouleverse, beauté ou effroi, légèreté, porosité, transparence, matité de la chair, sur la toile, mouvements ou aspérités, traits, lignes, nervures charnelles, objets, visages, obstacles, bornes dérisoires, seulement ce corps offert au regard, au désir, sa nudité en retour nous regarde, nous renvoie en partage la faiblesse, le poids sensible, là, de notre érosion, ce qui de la lumière nous éclaire et nous menace, nous regarde encore. »

Dans « Où le visage ne fut jamais donné »

Diptyque pour Michel STEINER

Revue NU(e) n°36 – 2007